Les gouaches
découpées de Lesueur constituent l’un des fleurons des riches
collections révolutionnaires du musée Carnavalet. Souvent reproduites,
elles n’avaient encore pas fait l’objet d’une publication. Cette série
unique propose pourtant une approche très particulière de la période
allant de 1789 à 1806, en une sorte de journal en images dont l’ampleur
laisse supposer une fonction publique, sans doute théâtrale. Ces petits
tableaux reflètent les sentiments – tantôt enthousiastes tantôt
réprobateurs – de la petite bourgeoisie parisienne en Révolution, avec
une vivacité, une justesse d’observation, un sens de la couleur et de la
mise en page qui confèrent une grande saveur à ce témoignage
exceptionnel.
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Légende - Au recto du montage ancien, sous la gouache, étiquette avec légende manuscrite à l'encre : "ARRESTATION DE LOUIS XVI A VARENNES. / LOUIS XVI s'échappa des Thuilleries la nuit du 17 juin 1791. emmenant la Reine, ses deux Enfants et sa soeur; Arrivé à Varennes près des / frontières, le Conducteur de la voîture s'obstina à vouloir changer de chevaux, les siens étant rendus d'avoir couru plusieurs postes, promeses [sic], et / menaces, rien ne pût l'engager à marcher. D'autres chevaux ne se trouvant point prêts il falut s'arrêter à l'Auberge : La contestation avoit attirée des spectateurs / on chercha a savoir quels pouvoit [sic] être ces voyageurs qui témoignoient tant d'empressement a continuer leur route, et qui se cachoient si soîgneusement [sic] / aux regards du public ; Le Maire vint qui reconnu Le Roi, et lui dit qu'il ne pouvoit le laisser passer, les promesses les plus séduisantes, les prieres, les larmes / de la Reine et de sa famille rien ne put toucher l'infléxible Maire. Le Roi fut arrêté et ramené à PARIS le 25". |
Date de production - Entre 1791 et 1792.
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Légende - Au recto du montage ancien, sous la gouache, étiquette avec
légende manuscrite à l'encre : " LE PRINCE LAMBESC AUX THUILLERIES./
Lorsque l'on sçut [sic] à la Cour ce qui se passoit à Paris, on cru que
la présence de quelques troupes en imposeroient au peuple, et le
feroient / rentrer dans le devoir. Vers les 7 heures du soir le Régiment Royal-Allemand Cavalerie, ayant le Prince Lambesc son Colonel à la tête
vint / se ranger dans la Place Louis XV. Le peuple qui étoit là hua les
soldats. Le Prince Lambesc suivi de quelques Cavaliers entra au galop /
dans les Thuilleries pour disperser le peuple qui ignôrant [sic] ce qui
se passoit, venoit en foule pour entrer dans la place. Le Prince en
courant frappa / de son sâbre sur la tête d'un Vieillard qui se
promenoit, et qui ne se rangea pas assé [sic] vîte [sic], cette action /
indigna le public. et rendit les factieux / plus hardis a suivre leurs
projets.". Date de production - Entre 1789 et 1790. |
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Légende - Au recto du montage ancien, sous la gouache, étiquette avec
légende manuscrite à l'encre : "Motion au Jardin du Palais Royal. / Dans
les commencement [sic] de la Révolution, ceux qui la dirigeoient
payoient de ces hommes / hardis qui ont le don de la parole pour aller
dans les Places et jardins publics et notament [sic] au jardin du
Palais-Royal ; Là monté sur une table l'Orateur harangoit le Peuple /
avec véhémence, leur mission étoit d'inspirer de l'horreur pour le
gouvernement Monarchique / et demandoit le renversement du trône, la
punition des Ministres , et l'établissement de la République. / Le
Peuple exalté par ces forcenés Orateurs applaudissoit avec fureur par
des frappements / de mains, les chapeaux en l'air et les cris de Bravo
!... Appuyé vive la Nation..Etc". Date de production - Entre 1789 et 1795. |
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Légende - Au recto du montage ancien, sous la gouache, étiquette avec
légende manuscrite à l'encre : "Jeunes Hommes envoyés des divers
Départements à Paris pour être instruits a fabriquer le / Salpêtre, et
la Poudre, et L'art de fondre des canons... Les voilà qui vont à la Convention / porter de la poudre, du Salpêtre qu'ils ont fabriqués, et
un Canon qu'ils ont fondu. 1791 [sic]".
Date de production - En 1794. |
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Légende - en bas, à l’encre brune : "Député en Mission en Costume de
Représentant du peuple / Honoré Gabriel Riqueti Ci devant Comte de Mirabeau faisant une motion à l’assemblée constituante... mort le 2
avril 1792 an 2 / Député sortant de l’assemblée / Homme de couleur,
Députés des Colonies, à la Convention Nationale. / Le Député Granet
toujours en carmagnole de toile grise son grand baton et tenant son
chapeau ainsi." Date de production - entre 1789 et 1798. |
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Légende - Au recto du montage ancien, sous la gouache, étiquette avec
légende manuscrite à l'encre : "BLESSE DU 10 AOUST. / Le matin du 10 Aoust 1792. Les Citoyens armés de chaque section s'étant formés en
Bataillons, ayant des / fuzils [sic], des sabres, des piques et des
canons. furent se ranger dans la place du Carousel [sic] en face du
chateau [sic] des Thuilleries [sic] ; ce chateau (sic] / étoit deffendu
par une partie du Regiment [sic] des Gardes Suisses avec leurs canons :
L'intérieur du chateau jusque sur les combles étoit remplis / d'un
nombre infini de gens armés de toutes sortes d'armes ; ils avoient des
Biscayens dont les balles de fonte avoient un pouce de diamètre, et
portoient / si loin quelles venoient faire des trous dans la pierre de
taille des maisons de la rue St. Nicaise. On ne sait pas de quel coté
[sic] parti le premier coup, mais dans le / même instant il se fit des
deux parts un feu terrible d'artillerie et de mousqueterie qui renversa
bien du monde ; Les Citoyens outrez [sic] de se voir criblés par un feu
auquel / ils ne pouvoient répondre de si loin bravèrent ce feu en
fonçant la bayonnette [sic] en avant dans les cours du chateau où
étoient les Suisses, ils les massacrerent [sic], et / montant dans les
appartements il [sic] firent une boucherie horrible de tous ceux qu'ils y
trouverent [sic] ; mais beaucoup s'étoient sauvés par des issues
pratiquées en cas qu'il / fallut fuir. beaucoup de Citoyens périrent
dans cette fatale journée, un bien plus grand nombre furent blessés que
l'on transportoient chez eux, ou dans les Hopitaux [sic]".
Date de production - En 1792. |
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Légende - Au recto du montage ancien, sous chaque gouache, étiquettes
avec légendes manuscrites à l'encre et au crayon noir : de gauche à
droite : "Jeune garçon portant / une corbeille de fruits / à la fête de l'agriculture. / An 7." ; "Femme en habit militaire / Melle Méricourt" ;
"Gardes à pied de Louis XVI. / Lorsqu'il étoit aux Thuilleries [sic]." ;
"Ellèves [sic] de Mars" ; "Uniforme de la Composition du / Peintre David, ils ont été supprime [sic] après la chute / de Robespierre.". ;
"Institu [sic] Nationale" ; "Ellèves [sic], ou enfant / de la patrie /
enfant de Pitié" ; "Ellèves [sic] surnommés / petits Bourdon." Date de production - Entre 1792 et 1795. |
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Légende - Au recto du montage ancien, sous la gouache, étiquette avec
légende manuscrite à l'encre : "Des Jeunes Citoyenes [sic] Ouvrieres
[sic], contribuent de leurs Assignats, et de leurs / bijoux, à
l'équipement d'un jeune homme qui propose d'aller à la guerre / si l'on
veut l'habiller." Date de production - Entre 1793 et 1794. |
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Légende - Au recto du montage ancien, sous la gouache de gauche,
étiquette avec légende manuscrite à l'encre : "LE CRIS FRANCAIS / Des
Citoyens de tous états se rencontrant dans les rues / se réunissoient,
et poussoient ensemble le terrible cris de / La Liberté ou la Mort". Légende - Au recto du montage ancien, sous la gouache de droite, étiquette avec légende manuscrite à l'encre: "Départ pour les frontières d'un Citoyen / Volontaire, accompagné de sa femme, de ses / enfants et d'une parente son cousin Le / serrurier porte le Havresac". Date de production - Entre 1793 et 1797. |
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Légende - Au recto du montage ancien, sous la gouache, étiquette avec
légende manuscrite à l'encre : "Famille allant à la guinguêtte [sic]." Date de production - Entre 1793 et 1794. |
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Légende - Au recto du montage ancien, sous la gouache, étiquette avec
légende manuscrite à l'encre : "LE SIEGE DE L'ILLE. / Au siège de Lille
les habitans [sic] ont montré un Courage et une intrépidité peu commune,
Les Enfans jouaient avec les Bombes / et les Boulets ; Des femmes
ramassoient des boulets rouges dans des casserolles après les avoir
laissé éteindre, et un peu refroidir / Une bombe tombat [sic], une femme
en arracha la mèche, et des hommes la coëffèrent [sic] d'un bonet[sic]
rouge. Hommes, Femmes, Enfans [sic] couroient / sur les bombes pour en
arracher les mêches [sic]. / Une tomba dans une Salle d'assemblée, elle y
fût déclarée en permanence... Ect. D'après le récit d'une Dame de Paris
qui alors étoit à Lille." Date de production - Entre 1792 et 1793. |
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Légende - Au recto du montage ancien, sous la gouache de gauche, étiquette avec
légende manuscrite à l'encre : "LAVOISIER un des plus habile Chymiste
[sic] de l'Europe. / Il étoit fermier Général, et employoit ses revenus à
cette Science. / Lorsqu'on lui signifia son arrêt, il demanda huit
jours ; non qu'il voulut / vivre ce temps la de plus, mais pour achever
une opération chymique [sic] / très salutaire pour l'humanité ; le nommé
Dumas lui répondit / Qu'on n'avoit pas besoin de Chimiste.".
Légende - Au recto du montage ancien, sous la gouache centrale, étiquette avec légende manuscrite à l'encre : "COMITE DE SURETE GENERALE. / Dans le temps de la terreur il partoit chaque jour de ce terrible Comité / une quantité effrayante de Mandats d'arrêts : Lancés sur beaucoup / de personnes qui jouissoient ci devant de la plus haute considération. / La Justice fuit de ce lieu où ses principes et ceux de l'humanité sont / méconnus, et où l'Erreur préside.". Légende - Au recto du montage ancien, sous la gouache de droite, étiquette manuscrite à l'encre : "Mr DE MALESHERBES PRESIDENT au PARLEMENT. / Deffenseur [sic] officieux de Louis XVI. / Quand on vint lui annoncer son arrestation il dit, Lors que jai [sic] / accepté de deffendre [sic] le Roy [sic] je prévoyoit [sic] où cela me conduiroit [sic]... / Je vous suis...". \ Inscription à l'encre. Date de production - Entre 1793 et 1794. |
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Légende - Au recto du montage ancien, sous la gouache, étiquette avec
légende manuscrite à l'encre : "LA SCEANCE [sic] DE ST CLOUD. / La
france étoit menacée d'une ruine prochaine : les Ennemis avoient reconquis l'Italie, en chassoient nos armées, et projettoient [sic] /
d'entrer en france. le feu de la guerre se rallumoit dans la Vendée,
l[e]s vendéens se ventoient d'être bientot [sic] à Paris. Ceux qui
gouvernoient ne sembloient s'occuper que de leurs intérêts particuliers
ou de leurs plaisirs. BONAPARTE parroit [sic] ! Il abbandonne[sic] la conquêtte [sic] / de l'Egypte pour vôler [sic] au secour [sic] de la
France ; Après s'être instruit de l'état des choses, il fait convoquer
une assemblée / générale et extraordinaire, à St. Cloud. Là il demande
aux Gouvernans [sic] ce que sont devenues ses conquettes [sic] et ce
qu'ils / ont faits [sic] des millions qu'il avoit envoyé en france
lorsqu'il faisoit des conquêttes [sic] en Italie ; il leur reproche leur
aveuglement / sur les projets des Ennemis, et sur les dangers qui les
enviro[nn]ent ; il leur prouve la nécécité [sic] d'un autre
gouvernement, / à cette proposition de grands cris s'ellévent [sic] une
partie de l'assemblée s'emporte contre lui...il faut le chasser d'ici
s'écri / - ton... il faut le faire arrêter.... il lui faut faire [..]n
procès.... Etc. BONNAPARTE [sic] s'adressant aux Grenadiers de garde /
Mais Amis êtes vous pour moi ?.. tous répondirent OUI Général.... LA
FRANCE est sauvée s'écrie BONNAPARTE [SIC] / Quelques furieux s'avancent
vers lui le poignard à la main... mais les Grenadiers les repoussent et
les chassent de la salle." Date de production - Entre 1799 et 1800. |